Pax Legatus/Pax Legatum

[CrileLoup]

Dans un nuage de pluie deux Kaldoreï s'engouffrent dans l'établissement dit "taverne du Marin Salé". L'air froid du dehors, profitant de l'aubaine, souffla sur les lampes-tempêtes et les bougies, en une vaine tentative de moucher les feux les plus fragiles : peine perdue.

Depuis la fin de la nuit la tempête automnale clouait au sol les griffons, pour le plus grand plaisir du maître des vols qui prenait un repos aussi mérité que sonore. Mais personne n'avait coeur à le secouer tant le pauvre avait peu de repos d'ordinaire. Les équipages bloqués au port n'étaient de toutes façons pas dans une situation différente.

Mille et unes façons de tromper l'ennui ou de chasser l'angoisse d'une toiture arrachée, d'un dégât à l'amarre ou, pire, d'un navire qui ne rentrerait pas, s'étalaient aux yeux du barde et de sa compagne qui eurent tôt fait, en bons Kaldoreïs, de s'adapter à la pénombre omniprésente : cartes, dés, osselets et autres jeux d'adresse ou de hasard, souvent un peu des deux. On pariait, on riait, on jouait de la dague ou de la fléchette dans un joyeux désordre organisé qui faisait le bonheur du propriétaire des lieux pour qui temps calamiteux rimait avec caisse bien remplie.

Le barde passa le bras autour de la taille de sa promise, autant pour la guider que pour la protéger des vélléités avinées. Même si la clientèle savait habituellement se tenir, on n'était jamais à l'abri d'un geste mal venu. Saluant le tenancier, il se fit reconnaître et put se faire libérer une des tables d'ordinaire attribuée aux Pax ou à leur amis de passage.

- "J'suis désolé d'vous mett'là m'sieur dame, mais y'a trop d'monde dans la grande salle, alors on a ouvert la p'tite en catastrophe. C'est moins intime. J'espère qu'ça vous ira ?"
- "Ca ira parfaitement. Je vous demanderai juste de faire savoir que nous sommes là à nos amis Legati."
- "Ceux là d'la Pax ?"
- "Oui, c'est ça." répondit le barde dans un sourire.
- "C'noté cap'taine. rétorqua le jeune serveur. "L'plat du jour : poisson frais d'la nuit, blettes, vin d'pays. Ca l'fait ?"

Le barde interrogea du regard sa compagne qui acquiesca d'un sourire.

La salle était certes bien plus petite et moins intime question éclairage ou même décoration, mais au moins le feu qui ronflait la chauffait-il rapidement. De toutes façons il ne s'en fallut que de quelques minutes pour que bien vite les deux autres tables soient occupées ,l'une par l'équipage d'un morutier forcé de rester à quai et l'autre par trois couples de négociants itinérants dont les bêtes, comme les marchandises, venaient de trouver refuge dans les stabulations de l'auberge.

- "Tu crois qu'ils sauront nous en dire plus ?" s'inquiéta la prêtresse en cherchant les mains de son compagnon par dessus la table.

Amoureusement il saisit les mains offertes et les pressa, rassurant.

- "Je crois qu'elle a quitté la Pax mais je pense qu'ils sauront nous dire vers quoi elle comptait se diriger, du moins je l'espère. Peut-être certains auront-ils entendu parler de ce Kamanov ?"

Le serveur déposa devant eux le plat du jour : des sarelles grillées aux pois sauvages et aromates du coin, accompagnées d'un vin blanc d'allure sympathique. Les blettes avaient sans doute connues une rupture de stock mais ils n'y firent même pas attention, bien plus étonnés en fait par ce qui donnait un charme tout nouveau à la situation : ils découvraient avec étonnement combien ils avaient si rarement déjeuné ensemble !

[Razkan]

L'équipage du morutier s'attabla sur la table ronde. Il y avait là quatre humains d'une carrure fort semblable et aux multiples tatouages de marins accompagnés d'un nain aux tatouages chamaniques fort mystérieux. Sa voix, sa gouaille était chaude et forte et son accent prononcé le rendant sympathique.
Son petit bonnet rose à pompons sur sa tête et ses moustaches oranges rendait ses propos assez burlesques :
" V'la dioux. On a bien péchée, qui c'est les plus fort hein les gars ?! "

L'équipage en choeur : "Ouais Joe !"

Ils trinquèrent bruyamment et le serveur vint prendre leurs commandes alors que le nain s'occupât seulement de la commande des vins et des bières. Il choisissait des vignobles bien précis d'une voix experte . Le reste de l'équipage regardait de manière amusée ce sérieux.

Bien plus discrètement, les couples de négociants itinérants donnaient quelques mets à leurs animaux tout en salivant sur leur prochaine marchandise.

" Alors pour le phénix, c'est réglée ?"
" J'ai rencontrée l'elfe, il me la vendue, j'ai le contrat. Il arrive bientôt."

L'autre couple de négociants s'enlaça tendrement les mains à cette nouvelle puis partagea un regard complice.

"Il est fiable au moins ton vendeur ?"
" Très fiable. Il est de l'armée local."

Puis le serveur vint prendre leurs commandes et les cartes furent distribués à la table où des sourires s'affichaient aux visages des négociants.
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[Razkan]

La partie de carte commençait à battre son plein sur la table des négociants lorsque que le couple visiblement amoureux afficha sa curiosité verbale :

" Le phénix, il est comment ? "

Le couple se regarda malicieusement, l'air pressée de voir l'oiseau.

Un grand gaillard au chapeau de cuir masquant son front, la peau mat et la pipe au bec prit la parole fermement.

" Le soldat appelle ça une Cockatrice, il l'a à peine montée et provient de la réserve des Pérégrins d'où il a déserté"

Il prit une gorgée de thé vert que le serveur venait de servir à leur table pour assouvir leur soif.

"Hum...Les Pérégrins du levants ? "

Il ajouta un sucre et un peu de miel à son breuvage avant de répondre.

" Non, non du tout. C'est des sortes de Chasseurs d'élites comme les Rangers dans leur temps plus ou moins directement lié à leur armée.

" Et les plumes, la couleur ?"

" Couleurs chaudes, rouge orangée m'a t-il dit avec de fines plumes qui lui assurent vitesse et résistance au froid. Mais ne gâchez pas la surprise ! Un peu de patience avant le mariage."

La table des marins se fit subitement silencieuse. Le nain à la barbe rousse fit taire ses équipiers. Il se leva, le visage cherchant du regard la table des mariés puis le serveur.

Puis, il tapa de son poing sur la table. " Tournée de ma part pour la table des mariés. Bière des Hinterlands, pour sur !"

Le mot mariage résonait comme une nouvelle raison de festoyer pour un équipage aux mines harassés.

Un matelot demanda innocemment " Et nous Joe ?"

"Si tu veux pas finir dans un banc de morue, tu applaudis !"

L'équipage applaudis en choeur le geste du nain puis se rassit mécaniquement. Il semblait être le chef de la bande mais avec ses pompomps roses, il ressemblait plus à un Père de l'Hiver que d'un intrépide capitaine au long cours. Byzarrement, sa tête semblait familière, ses tatouages aussi.

Les négociants ne disaient trop rien, le couple amoureux se retourna, remercia poliment d'un geste de la tête et d'un sourire puis relança la partie de cartes.

Le troisième couple jusqu'à là silencieux demanda subitement une précision après s'être concertée dans un bavardage discret.

"Qui t-a refilée le tuyau dèja pour l'oiseau ?"

Le gaillard souleva légèrement son chapeau, prit un morceau de petit salé et mâcha longuement.

"Une diplomate de la Horde à Stormwind"
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[Ventdeplaine]

Ventdeplaine, prévénu par l'aubergiste, arriva dans la pièce.

"Bonjour a tous."

Puis il s'approcha de la table de ses deux amis.

"Bonjour a tous les deux chers amis. Et beaucoup de bonheur."

Il sourit.

"Qu'est ce qui vous amene dans la region par un temps si maussade?"

[Ventdeplaine]

Avant même que la discussion ai pu s'engager, ils furent interrompus par un de ces gobelins qui amenait directement a leur destinataire les lettres les plus urgentes.

"Une lettre spéciale pour Ventdeplaine!!" cria-t-il pour couvrir le brouhaha de l'auberge.
Ventdeplaine se retourna et lui fit signe.
"Qui peut bien m'écrire une "lettre spéciale"? dit il en souriant a ses amis.

Et ce sourire s'élargit encore plus lorsqu'il vit que la lettre en question portait le sceau de Lune-d'argent, la capitale des Elfes de Sang. Enfin des nouvelles de sa tendre aimée.

"Excusez moi, c'est effectivement tres urgent." dit il au couple qui lui faisait face.
Il ouvrit la lettre rapidement et commença à la lire. Mais son visage se decomposait au fur et a mesure qu'il lisait.

En finissant il avait l'air totalement abattu... Mais il se ressaisi et héla l'aubergiste :
"Du papier et une plume mon brave, rapidement."

Il commença à écrire.